Dans un budget de maintenance, il y a deux façons d’argumenter :
- Avec des données concrètes
ou
- Avec des approximations
Les entreprises qui savent mesurer transforment leurs investissements en performance durable.
Celles qui ne savent pas chiffrer subissent les arbitrages, voient leurs projets coupés et leur crédibilité entamée.
C’est là que le calcul du retour sur investissement (ROI) d’une GMAO devient un outil stratégique. Aujourd’hui, dire “ça améliore l’efficacité” ne suffit plus. Il faut prouver. Chiffrer. Et démontrer qu’un euro investi peut en générer trois, quatre — parfois cinq — en retour.
GMAO : de quoi on parle ?
La GMAO — pour Gestion de la Maintenance Assistée par Ordinateur — désigne un logiciel dédié au pilotage des opérations de maintenance. Il s’utilise aussi bien dans l’industrie, le bâtiment, que dans la gestion de parcs techniques ou immobiliers. Son objectif : structurer, automatiser et fiabiliser l’ensemble du processus de maintenance, en centralisant toutes les données au même endroit.
Un logiciel de GMAO permet notamment de :
- planifier les interventions préventives ou curatives,
- gérer les demandes d’intervention remontées par les équipes terrain,
- suivre l’historique des pannes et des actions réalisées,
- localiser et tracer les équipements,
- gérer le stock de pièces détachées et les commandes fournisseurs,
- mesurer les indicateurs clés (temps moyen entre pannes, taux de disponibilité, etc.).
Utilisé au quotidien par les techniciens, les responsables maintenance et parfois les prestataires externes, le logiciel remplace les tableurs éparpillés, les bons papiers et les informations orales. Il offre une vision globale et en temps réel de l’état du parc.
Parfois connecté à des capteurs IoT, il permet d’aller plus loin en basculant vers une logique de maintenance prédictive : remontée automatique des anomalies, déclenchement d’interventions selon l’état réel des machines et meilleure anticipation des défaillances.
Pourquoi mesurer le ROI ? Convaincre, sécuriser, piloter
Déployer une GMAO, ce n’est pas seulement changer d’outil : c’est transformer l’organisation de la maintenance. Pour convaincre la direction, encore faut-il démontrer l’impact réel sur les opérations.
Le calcul du ROI donne des repères concrets. Réduction du nombre de pannes imprévues, baisse des interventions urgentes, temps gagné sur la planification ou la recherche de pièces : autant de gains mesurables qui justifient l’investissement.
Cette analyse sécurise le projet dès le départ. Elle permet d’identifier les postes les plus coûteux, de fixer des objectifs réalistes, et d’anticiper les conditions de succès : structuration des données, implication des équipes, intégration aux outils existants.
Enfin, le ROI n’est pas un indicateur figé. Il sert de point de comparaison pour piloter l’évolution du logiciel. En mesurant régulièrement l’effet de la GMAO sur la performance de la maintenance, on évite l’essoufflement du projet et on fait de l’outil un levier d’optimisation à long terme.
Le poids invisible des pannes
En France, les arrêts non planifiés coûteraient 22 milliards d’euros par an (AFIM). Dans 90 % des cas, les équipes interviennent en urgence.
Selon McKinsey, la digitalisation de la maintenance permettrait de réduire les coûts de 15 à 30 %.
Formule et éléments à intégrer : coûts, gains, métriques
Le principe reste simple :
ROI = (gains nets / coût total de l’investissement) × 100.
Mais la rigueur est essentielle pour que le résultat ait du sens.
Côté coûts, il faut tout intégrer. Au-delà de la licence annuelle, les frais annexes pèsent lourd : déploiement technique, formation des utilisateurs, matériel mobile pour les techniciens, accompagnement au changement. Ces postes représentent souvent entre 50 % et 80 % du coût global de la solution.
Côté gains, on s’appuie sur des repères clairs. Une GMAO bien utilisée permet de réduire le temps de préparation des interventions, de raccourcir les durées d’intervention, d’allonger la durée de vie des équipements ou de mieux maîtriser les stocks de pièces détachées. Autant de KPIs à surveiller.
KPIs clés à surveiller pour le ROI de votre GMAO
Indicateurs de fiabilité
- MTBF (Mean Time Between Failures) : calculez le temps moyen entre deux pannes sur un même équipement. Suivi mois par mois, cet indicateur montre si votre maintenance préventive produit des effets.
- MTTR (Mean Time To Repair) : mesurez le délai moyen entre la détection de la panne et la remise en service. Une GMAO permet de le réduire en facilitant l’accès aux procédures, aux historiques et aux bons de travail.
- Taux de disponibilité : à calculer par équipement critique. Si un compresseur-clé tourne 98 % du temps au lieu de 92 %, vous avez gagné 6 points de disponibilité opérationnelle.
Indicateurs financiers
- Coût moyen par intervention : additionnez les coûts main-d’œuvre + pièces + déplacements / nombre d’interventions. Un bon indicateur pour suivre la performance globale du service maintenance.
Ratio préventif / correctif : visez 70 à 80 % de maintenance planifiée. Trop de correctif = surcharge d’urgence, pièces manquantes, retards de production.
Exemple de calcul : ROI GMAO sur un cas PME
Une PME technique disposant de 150 équipements, avec 3 techniciens, enregistre en moyenne :
- 10 urgences par mois, facturées 450 € en moyenne → 4 500 €/mois
- 1 500 € de commandes express (pièces non planifiées)
- 25 heures mensuelles consacrées à la planification et à la coordination (estimation : 50 €/h → 1 250 €)
→ Coûts évitables mensuels estimés : 7 250 €
En intégrant une GMAO bien utilisée, l’entreprise vise les objectifs suivants sur 12 mois :
- Réduction de 30 % des urgences → 16 200 € d’économie
- Réduction de 20 % des achats express → 3 600 €
- Gain de 30 % sur le temps administratif → 4 500 €
Gains annuels estimés : 24 300 €
Coût total de la GMAO (licence, déploiement, formation, matériel mobile) : 16 000 €
ROI = (24 300 – 16 000) / 16 000 × 100 = +52 %
Même dans une hypothèse modérée, le retour sur investissement reste tangible dès la première année, et augmente les années suivantes une fois l’outil stabilisé et les usages consolidés.
Omogen : une GMAO conçue pour la performance terrain
Omogen est une solution GMAO pensée pour les besoins concrets des PME, des collectivités et des acteurs techniques exigeants : CVC, santé, assainissement, énergies renouvelables…
- Planification des interventions, gestion du stock, suivi multi-sites
- Tableaux de bord clairs : MTTR, taux de préventif, coûts par équipement
- Interface fluide, utilisable sur le terrain comme au bureau
- Déploiement rapide, ROI mesurable dès les premiers mois
Étapes de calcul : méthode « avant/après » et scénarios de gains
Étape 1 : établir un diagnostic de l’existant
Avant toute projection, commencez par un état des lieux sur les 12 derniers mois. Collectez l’ensemble des données liées à la maintenance :
- Heures de main-d’œuvre interne et sous-traitée
- Consommation de pièces détachées
- Temps de déplacement
- Heures supplémentaires
- Coûts liés aux arrêts d’équipement
Ce diagnostic fait souvent émerger des dysfonctionnements sous-estimés :
- 15 % du temps consacré à des déplacements internes inutiles
- 30 % de commandes en urgence, générant un surcoût de 40 %
- 25 % d’interventions incomplètes, nécessitant un second passage
Étape 2 : projeter les gains selon trois scénarios
Pour modéliser les effets d’une GMAO, définissez trois hypothèses d’amélioration, appliquées aux lignes budgétaires du diagnostic :
- Scénario prudent : +10 %
- Scénario réaliste : +20 %
- Scénario optimiste : +30 %
Ce cadre permet de tenir compte du niveau de maturité de l’organisation et du degré d’adhésion des équipes.
Étape 3 : mesurer les résultats dans la durée
Une fois la GMAO déployée, suivez mensuellement les indicateurs clés :
- MTTR
- Taux de panne
- Coûts directs
- Disponibilité des équipements
Les effets se manifestent par étapes :
- À 6 mois : premiers gains visibles (meilleure planification, gestion de stock, réactivité accrue)
- À 12 mois : tendance fiable
- À 24 mois : évaluation complète, avec des usages pleinement intégrés
Un cas d’usage exceptionnel
Une analyse de Brightly (2023) indique qu’un programme de maintenance préventive bien structuré peut générer un retour sur investissement de 400 %, tout en réduisant les coûts de maintenance de 12 % à 18 %.
En comparant deux scénarios sur un même équipement — avec et sans maintenance préventive — l’entreprise identifie des économies liées à la réduction des pannes imprévues, à la baisse des remplacements prématurés et à une meilleure efficacité énergétique.
La GMAO (ou CMMS) assure un suivi, une planification et une traçabilité des interventions, prolongeant la durée de vie des équipements critiques tout en diminuant les coûts d’entretien annuels, montrant ainsi que la maintenance préventive bien mise en œuvre va au-delà du simple pilotage opérationnel.
Nos bonnes pratiques pour maximiser le ROI de votre GMAO
Alignement stratégique et implication des équipes
Une GMAO déconnectée de la stratégie globale reste un simple outil de suivi. Pour maximiser son impact, il est essentiel d’assurer une cohérence entre les objectifs de la direction et les besoins des équipes terrain.
Impliquer production, finance, achats et maintenance dès le départ permet d’aligner les priorités et d’anticiper les résistances. Un technicien bien formé utilise l’outil à son plein potentiel et génère jusqu’à 40 % d’efficacité opérationnelle en plus, selon les retours d’expérience du secteur industriel.
En clair : la formation ne doit pas se limiter à la prise en main, mais inclure les bonnes pratiques de planification, d’analyse et de traçabilité.
Exploitation progressive des fonctionnalités avancées
Trop d’entreprises sous-utilisent leur GMAO, une tendance qu’on retrouve aussi pour d’autres types logiciels. En moyenne, seulement 40 % des fonctionnalités sont utilisées. Il convient d’activer progressivement les modules avancés :
- Maintenance conditionnelle : déclenche les interventions en fonction de l’usage réel (compteurs, capteurs IoT), réduisant jusqu’à 20 % des coûts de maintenance préventive.
- Optimisation des tournées : en regroupant les interventions par secteur ou par technicien, vous réduisez jusqu’à 30 % des frais de déplacement. Pour des flottes qui parcourent des millions de kilomètres par an, cela représente des économies colossales.
Intégration avec l’écosystème numérique
Une GMAO isolée crée des silos. Une GMAO connectée génère du ROI. Les intégrations clés incluent :
- Connexion au CRM : automatise la facturation, améliore la transparence client.
- Interface comptable : suit les coûts en temps réel, alerte en cas de dérive budgétaire.
- Synchronisation avec l’ERP ou les achats : évite les doubles saisies et fluidifie les processus.
- Gestion prédictive des stocks : anticipe les besoins et réduit les immobilisations de 25 à 35 %, tout en évitant les ruptures critiques.
Mesurer, projeter, optimiser : une nouvelle logique pour la maintenance
Évaluer le ROI de votre GMAO ne relève pas de la simple formalité. C’est une démarche structurante, qui oblige à revoir les processus, à collecter les bonnes données, à impliquer toutes les parties prenantes et à prendre des décisions fondées sur des faits. En suivant une méthode rigoureuse, vous passez d’une maintenance réactive à une gestion pilotée, où chaque euro investi se justifie par un gain tangible.
Ce calcul n’est pas un exercice ponctuel. Il doit devenir un outil de pilotage à part entière, renouvelé régulièrement, et intégré à la stratégie globale de l’entreprise. C’est à ce prix que la GMAO cesse d’être un centre de coût pour devenir un véritable levier de performance industrielle.
Dans un contexte de tensions budgétaires, d’objectifs de durabilité et d’exigences accrues côté clients comme actionnaires, savoir démontrer la rentabilité de vos investissements devient un avantage concurrentiel. Et cela commence ici.